Encore à ses débuts, Ilya va s’installer à l’Institut Pierre Fabre à Toulouse pour bénéficier d’un laboratoire gratuitement. La jeune pousse travaille notamment à la mise au point de solutions de recyclage des eaux de douche.
Cette semaine, Simon Buoro et Antoine Escande, les deux cofondateurs toulousains de la start-up Ilya, vont investir leur nouveau lieu de travail : des bureaux et laboratoires installés au sein de l’institut Pierre Fabre, à l‘Oncopole de Toulouse. La très jeune pousse, créée en décembre 2019 par ces deux diplômés de l’Insa, a en effet signé une convention avec le géant de la dermo-cosmétique.
« C’est la première fois que nous réalisons un partenariat de cette nature », assure d’ailleurs le service communication de Pierre Fabre, qui ne laisse pas filtrer grand-chose de l’objet de cette convention. « Ilya pourra utiliser les bureaux qui lui sont alloués au sein de l’Institut de Recherche Pierre Fabre et aura également accès, sous certaines conditions, aux laboratoires et à leurs équipements. Les autres aspects de l’accord sont confidentiels ». Simon Buoro précise que l’accès à un laboratoire gratuitement pendant une durée d’un an est ce qui motive les deux entrepreneurs : « il est rare, dans les structures accompagnement, d ‘avoir accès à un laboratoire. Et c’est précisément ce dont nous avons besoin actuellement pour mener des analyses sur de l’eau de douche ».
Ilya développe en effet un système de douche cyclique dans lequel cinq litres d’eau seraient suffisants pour prendre une douche (quelle que soit sa durée), ces cinq litres étant re-pompés, filtrés et réchauffés en temps réel pour être réinjectés dans le pommeau. « Nous espérons une mise sur le marché en 2021 », projette le cofondateur.
« Open innovation »
Coté Pierre Fabre, quel est l’intérêt à héberger une start-up aussi peu mature, qui n’a ni de levée de fonds ni de chiffre d’affaire à son actif ? Dans un communiqué, Vincent Denoel, directeur support innovation chez Pierre Fabre, indique que « cette démarche est emblématique de l’état d’esprit dans lequel le groupe Pierre Fabre souhaite aborder l’open innovation : accélérer l’arrivée sur le marché d’innovations permettant aux consommateurs-patients de vivre mieux dans un respect accru de l’environnement. Pour cela, nous souhaitons inscrire notre accompagnement dans un cadre à la fois exigeant et bienveillant ».
Concrètement, le groupe ne prend pas de part dans le projet, mais réfléchit « à plusieurs pistes de partenariat portant principalement sur la réduction de la consommation d’eau de douche ». Pierre Fabre compte en effet de nombreux produits rincés (shampoings, après-shampoings, etc.) à son catalogue et se dit « très mobilisé par les enjeux liés à la maîtrise de la consommation d’eau ». Reste que si Ilya développe un produit ou un service au sein de l’institut Pierre Fabre, la question se posera de savoir qui de la start-up ou du grand groupe commercialisera l’offre. « Cela n’est pas encore déterminé, et de multiples formes de partenariats entre nos deux sociétés sont envisageables », répond encore le service communication du groupe. Du côté des jeunes fondateurs, pas de réponse non plus sur ce sujet.
Vainqueurs de la Social Cup
Actuellement accompagnée par l’accélérateur Première Brique, Ilya recherche 200.000 euros de fonds auprès de banques et acteurs publics pour poursuivre sa R&D. Les deux fondateurs, qui ne se versent pas encore de salaire, mettront dès 2020 sur le marché un outil de sensibilisation sur la consommation d’eau à destination des professionnels (salles de sports, hôtels, campings, etc.). « Il s‘agit d’un capteur présent dans la douche et qui affiche en temps réel la consommation d’eau et d’énergie », décrit Simon Buoro. A noter qu’avec leur innovation, Simon Buoro et Antoine Escande ont remporté le 6 février dernier la Social Cup, la coupe de France des entrepreneurs sociaux.
Sophie Arutunian – Touleco – 10 02 2020
Sur la photo : Simon Buoro et Antoine Escande. Crédits : The Declic Project – DR.